Avant les RDD 2024, échange entre Stéphan Bourcieu et Thomas Friang
BSB accueille le 27 novembre à Lyon les Rencontres du Développement Durable 2024 : interview croisée pour présenter cette 5eédition
BSB est partenaire depuis leur lancement en 2020 des Rencontres du Développement Durable (RDD). Initié par l’Institut Open Diplomacy, cet événement a pour but d’aider les Français à se faire une opinion informée sur les enjeux du développement durable grâce à des débats rassembleurs et accessibles, tout en faisant avancer l’Agenda 2030. Il est dorénavant devenu un rendez-vous démocratique incontournable consacré à la transition écologique.
Cette année, l’étape BSB a lieu à Lyon le 27 novembre. En amont de cette après-midi qui s’annonce particulièrement riche, nous avons échangé avec Thomas Friang, Fondateur de l’Institut Open Diplomacy, et Stéphan Bourcieu, Directeur général de BSB, sur la thématique de cette édition.
1) Thomas Friang, quel est le thème des RDD 2024 ?
Thomas Friang : « C’est la 5e année que l’Institut Open Diplomacy co-organise les Rencontres du Développement Durable avec BSB ! Nous sommes très fiers de ce partenariat qui nous permet, cette année, de mettre le cap sur Lyon le 27 novembre pour traiter le thème « Good COP / Bad COP : la planète face au risque géopolitique ? ».
Nous serons heureux d’y retrouver les étudiants, les profs, toute la communauté de BSB, pour aborder les questions que soulève l'enchaînement de trois COP cet automne.
Avec nos intervenants d’excellence, nous pourrons revenir sur la COP Biodiversité présidée par la Colombie, suivie par la COP Climat en Azerbaïdjan avant la COP Désertification qui se tiendra à Riyad en décembre.
Nous reviendrons sur les décisions prises lors de ces sommets pour la planète ; et nous nous intéresserons au contexte international dans lequel ils se déroulent.
Notre objectif est de comprendre comment l’état du monde met en concurrence les risques géopolitiques et les enjeux écologiques, comment la conflictualité réinterroge nos priorités et provoque un sentiment généralisé de confusion.
BSB et l’Institut Open Diplomacy vous donnent rendez-vous le 27 novembre à Lyon pour cette conférence gratuite, ouverte à tous, et destinés aux curieux qui veulent décrypter le monde. »
2) Stéphan Bourcieu, le sujet des Rencontres du Développement Durable cette année est donc « Good COP / Bad COP : la planète face au risque géopolitique ? ». Pourquoi est-il important de traiter ce sujet dans une business school via une conférence citoyenne ?
Stéphan Bourcieu : « À BSB, nous avons pour mission de diffuser le savoir au-delà de nos murs. En co-organisant ce rendez-vous citoyen, nous renforçons notre rôle actif dans la société et envoyons un message d’engagement clair à nos étudiants et partenaires.
Depuis cinq ans, nous avons l’honneur de collaborer avec l’Institut Open Diplomacy, un partenariat dont nous sommes particulièrement fiers. Dans une business school, l’engagement est essentiel, car nous formons des jeunes à des métiers où l'impact sociétal est aujourd'hui fondamental et le sera encore plus demain.
Nos étudiants sont de plus en plus en quête de sens dans leur carrière et, souvent, lancent même des projets à impact dès leurs études. Notre vocation est de former des citoyens responsables, socialement et écologiquement conscients.
Cette conférence est un événement libre et ouvert à tous, où chacun peut prendre part aux débats autour des défis géopolitiques et environnementaux. J’invite tout le monde à s’inscrire et nous rejoindre à BSB Lyon le 27 novembre pour profiter de la richesse de ces échanges. »
3) Thomas Friang, comment se déroulent les COP ?
Thomas Friang : « Cet automne, les COP des grandes conventions environnementales des Nations Unies s’enchaînent : biodiversité, climat et désertification.
La COP 16 Biodiversité, tenue en Colombie en octobre, a déçu. Deux ans après l’adoption du cadre mondial de Kunming-Montréal, elle devait concrétiser cette dynamique en définissant des indicateurs de suivi et en mobilisant 700 milliards $ par an pour combler le déficit de financement. Résultat : aucun progrès notable, et seulement 44 pays sur près de 200 ont présenté une stratégie nationale.
La COP 29 Climat, actuellement en Azerbaïdjan, vise à fixer un nouvel objectif financier pour soutenir les pays du Sud. L'objectif historique de 100 milliards $ a été atteint tardivement, et une révision à la hausse semble improbable dans le contexte actuel. Cette COP est perçue comme une étape préparatoire pour rehausser l’ambition à la COP 30 au Brésil en 2025, mais la dynamique reste faible, en l’absence de tous les grands leaders internationaux.
Enfin, la COP Désertification, prévue en Arabie Saoudite début décembre, abordera aussi les enjeux financiers, ainsi que l’adaptation des pays vulnérables et la justice climatique, notamment face aux déplacements de population. Dès lors, si la COP Climat aboutit à un second échec après la COP Biodiversité, les espoirs pour Riyad apparaissent très limités.
Cette série de COP risque de s’avérer très décevante : on peut parler d’un véritable « automne pour la planète ». Et pourtant, rappelons-le toujours, agir coûte 20 fois moins cher que l’inaction. Comment remédier à tant d’inertie dans un contexte géopolitique plus tendu que jamais ?
C’est la question que nous tâcherons de traiter aux RDD 2024. Venez nombreux à ces conférences citoyennes que BSB accueille le 27 septembre ! »
4) Stéphan Bourcieu, au regard des recherches conduites dans votre business school, quels sont les facteurs de succès de l'engagement des entreprises dans la transition écologique ?
Stéphan Bourcieu : « Les recherches menées par notre faculté sur ces questions montrent qu’une véritable transition écologique ne peut être simplement ajoutée aux activités habituelles de l'entreprise comme une brique supplémentaire. Elle transcende les disciplines classiques – stratégie, finance, marketing, etc. – car elle implique une reconsidération profonde des modèles d’affaires, surtout si nous visons à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Les résultats de nos travaux révèlent qu’un engagement efficace nécessite que chaque acteur – entreprises, État, consommateurs-citoyens – prenne sa part pour éviter le « triangle de l’inaction », où chacun pense que l’autre doit agir. Les ODD, notamment l'ODD 17 sur les partenariats, soulignent l’importance de cette collaboration.
Accueillir les RDD à BSB depuis cinq ans et y intégrer nos chercheurs traduit notre volonté d’avoir un impact concret, non seulement dans la communauté académique, mais aussi en collaborant étroitement avec les entreprises, les institutions et la société civile. »
5) Thomas Friang, la transition écologique nécessite une mobilisation constante et une ambition soutenue. En quoi est-ce que le contexte géopolitique vient complexifier la transition ?
Thomas Friang : « Entre la COP 16 Biodiversité qui s’est terminée en Colombie fin octobre et la COP 29 Climat qui a commencé en Azerbaïdjan mi-novembre, Donald Trump a été réélu président des États-Unis.
Son retour s’accompagne d’un programme énergétique nous éloignant davantage les objectifs de l’Accord de Paris, qu’il a décidé de quitter à nouveau. Sans parler du fait que sa réélection va peser lourd sur le contexte international qui affecte déjà le fonctionnement des COP : je parle de l’agression russe de l’Ukraine et de l’embrasement du Proche-Orient.
Il faut aussi tenir compte de la situation géopolitique de la région qui accueille la COP Climat : la présidence de la COP est assumée par l’Azerbaïdjan, qui a repris les armes contre l’Arménie au Haut-Karabagh. L’Union européenne soutient l’Arménie. Dès lors, quand le Président de l’Azerbaïdjan utilise son discours d’ouverture de la COP comme un moyen de s’en prendre, devant la presse mondiale, à la politique étrangère des Européens, la géopolitique passe au tout premier plan devant les enjeux climatiques.
Après la déception de Cali et les tensions de Bakou, la dynamique vers Riyad (où se tiendra en décembre la COP 16 Désertification) est défavorable.
Lorsque nous nous retrouverons à Lyon sur le campus de BSB le 27 décembre, la COP Climat sera venue à son terme. Ce sera un bon moment pour esquisser une réponse : comment protéger la planète face au risque géopolitique ? Pour en savoir plus, rendez-vous aux RDD 2024 ! »
6) Stéphan Bourcieu, une montagne d’incertitudes semble s’accumuler. Que nous apprennent les sciences de gestion sur la bonne approche à adopter dans les organisations pour faire face à des défis aussi complexes ?
Stéphan Bourcieu : « C’est une question complexe qui suscite de nombreux débats. Les sciences de gestion ne fournissent pas de réponse unique ou consensuelle. D'un côté, certains prônent le « tout technologique », tandis que d'autres s’engagent vers la « décroissance ». La meilleure approche pourrait bien être de tracer une troisième voie, une approche intégrée qui concilie les dimensions économique, sociale et environnementale.
Il ne faut jamais oublier que les entreprises reposent sur une spirale vertueuse Croissance-Rentabilité-Pérennité dont il faut maintenir la dynamique et en même temps renouveler les principes pour intégrer une dimension de développement durable. Mais cela exige de repenser profondément les modèles économiques actuels pour les adapter aux enjeux du monde de demain. »
Informations et inscriptions : https://www.rencontres-developpement-durable.org/rdd2024